à l'hôpital : la prise de conscience

Là commence la prise de conscience de l'étendue des dégats. Dans la tête, j'entends. Parce que pour ce qui est du reste : je ne bouge plus du tout le bras et à peine la jambe.

Quand les gens discutent autour de moi, j'ai l'impression de très bien les comprendre... pourtant quand je commence à ne plus me rappeler leurs noms, je panique et me les répète pour ne pas les oublier. Mon fils, ma fille, mon mari, mes frères et soeur...

Je ferme souvent un oeil pour vérifier que j'y vois toujours. Quelque chose ne va pas mais quoi ? D'abord l'extrême droite du champ visuel : je ne vois pas les gens qui se postent trop à ma droite. A certains moments, pendant de longues minutes je suis comme éblouie. De plus j'y vois flou, mon oeil pas myope s'est dégradé alors je passe mon temps à essayer de déchiffrer ce qui m'entoure c'est à dire pas grand chose, à vérifier que ça ne se dégrade pas plus.

Et surtout les séances d'orthophonie commencées alors que je suis encore en soins intensifs sont un coup de massue sur la tête : d'abord je ne suis pas capable de lire encore moins de comprendre un petit paragraphe de trois lignes. Et je suis perdue avec les images quand on me donne plusieurs informations à combiner pour en choisir une.

Suis-je devenue idiote ?

Je confonds les mots contraires : avancer/reculer ou monter/descendre ...

Je confonds le sujet avec le COD : le chien pousse le chat/le chat pousse le chien 

... les couleurs et les formes ...

J'ai envie de dormir. Pour tout oublier.